
L’apnée du sommeil se caractérise par des arrêts réguliers de la respiration pendant le sommeil. Les causes de ce syndrome sont nombreuses : surpoids, diabète, hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, anomalie morphologique de la mâchoire, de grosses amygdales… Explications.
Définition : qu'est-ce que l'apnée du sommeil ?
L’apnée du sommeil, ou syndrome d’apnées–hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), se distingue par une réduction (hypopnées) ou par des interruptions régulières de la respiration (apnée) pendant le sommeil.
Ces pauses respiratoires se prolongent au moins 10 secondes et peuvent durer jusqu'à 30 secondes, voire plus. Elles se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil et peuvent se répéter une centaine de fois par nuit.
L'apnée du sommeil est la conséquence d'obstructions répétées complètes ou partielles des conduits respiratoires de l'arrière-gorge survenant au cours du sommeil. Ces interruptions de la respiration entraînent un manque d'oxygène qui engendre le réveil de quelques secondes du patient afin de reprendre sa respiration. Ces "micro-réveils" inconscients altèrent la qualité du sommeil.
"Ainsi les principaux symptômes de l'apnée du sommeil sont un état de grande fatigue pendant la journée et des somnolences.
L’homme est deux fois plus touché par ce syndrome que la femme. Plus rarement, il peut aussi toucher l’enfant. En France, on estime que le SAHOS touche 4 % de la population.
Il ne faut surtout pas négliger l’apnée du sommeil. À long terme, elle peut favoriser chez l’adulte l’apparition de difficultés psychologiques, sociales, professionnelles et cardiovasculaires (troubles du rythme cardiaque, hypertension artérielle...).
Apnée du sommeil : différents stades de sévérité
L'importance du syndrome d'apnées du sommeil se mesure au nombre d'apnées / hypopnées par heure de sommeil (IAH ou indice d'apnées/hypopnées) :
entre 5 et 15, l'apnée du sommeil est légère ;
entre 16 et 30, l'apnée du sommeil est modérée ;
si l'indice d'apnées/hypopnées (IAH) est supérieur à 30, l'apnée du sommeil est sévère.
Qu'est-ce que l'apnée centrale du sommeil ?
L'apnée centrale du sommeil est un syndrome retrouvé dans certaines maladies qui impliquent une diminution de la commande ventilatoire par le cerveau ou une diminution de la capacité à respirer sans obstruction des voies respiratoires. La plupart de ces maladies entraînent des altérations asymptomatiques du système respiratoire au cours du sommeil. Il peut s'agir d'une insuffisance cardiaque, d'une hypothyroïdie, de lésions centrales (infarctus du tronc cérébral, encéphalites, malformation de type Chiari II)...
La respiration de Cheyne-Stokes (CSR) est une forme particulière d'apnée centrale du sommeil. Elle se caractérise par une respiration anormale pendant le sommeil (généralement une période de respirations superficielles suivie de respirations profondes et d’apnées centrales intermittentes).
Le syndrome d'Ondine (encore appelé hypoventilation alvéolaire centrale congénitale) est aussi une maladie rare du nourrisson qui présente notamment une apnée centrale du sommeil. Elle se caractérise par l'absence congénitale du contrôle central de la respiration et d'une atteinte diffuse du système nerveux autonome.
Quelles sont les causes de l'apnée du sommeil ?
L'apnée du sommeil peut être liée à un dysfonctionnement de la commande ventilatoire par le cerveau, nous parlons d'apnée du sommeil centrale. Cette dernière est retrouvée dans de nombreuses pathologies cardiovasculaires, cérébrales ou encore endocriniennes.
"Mais le plus souvent, l'apnée du sommeil est due à des défauts anatomiques qui rendent la respiration difficile. Les anomalies anatomiques à l'origine d'une apnée du sommeil se localisent au niveau du cou et de la gorge", pour l'ORL. Il peut s'agir d'un oropharynx "encombré" par une mandibule courte ou rétractée, une base de la langue ou des amygdales proéminentes, une forme de tête arrondie et un cou court, un large tour de cou , des parois latérales du pharynx épaisses ... Ces anomalies sont souvent liées au surpoids et à l'obésité.
Quels sont les facteurs de risque de l'apnée du sommeil ?
Le surpoids et l'obésité sont les premiers facteurs de risque d'apnée du sommeil
Les facteurs de risque d'apnée du sommeil sont :
- Le surpoids et l'obésité (70% des personnes qui présentent une apnée du sommeil sont en surpoids;
- Le vieillissement (30% des patients atteints ont plus de 65 ans ; et la ménopause chez la femme;
- Une obstruction nasalequasi-permanente liée à un problème chirurgicale, ORL, allergique...;
- Des anomalies anatomiques de la mâchoire, de la langue, du palais, du cou...;
- La consommation chronique de tabac, d'alcool ou de médicaments sédatifs;
- Des antécédents familiaux d’apnée obstructive du sommeil sont présents dans 25 à 40% des cas
- Certaines pathologies cardiaques, cérébrales ou endocriniennes (hypothyroïdie, insuffisance cardiaque, lésions cérébrales)...
Symptômes : comment reconnaître l'apnée du sommeil ?
L’apnée du sommeil provoque une nuit de mauvaise qualité.
Elle se distingue par des manifestations de type :
sommeil agité ;
ronflements importants souvent rapportés par les proches ;
des pauses respiratoires pendant le sommeil;
des respirations haletantes pendant le sommeil;
multiples réveils, au caractère quelquefois angoissé avec une impression d’oppression ;
des insomnies;
des cauchemars (notamment autour du thème de l'étouffement);
une transpiration abondante ;
des envies récurrentes d'uriner durant la nuit…
Quels sont les troubles engendrés par l'apnée du sommeil ?
Ce trouble est souvent associé à une surcharge pondérale ou à l’hypertension. Il a généralement une conséquence familiale, sociale et professionnelle et peut entraîner :
des somnolences au cours de la journée. Lorsque celles-ci sont sévères il peut être recommandé aux personnes atteintes d'apnée du sommeil de ne pas conduire ;
une fatigue permanente dès le réveil et un manque d’énergie ;
des troubles de l’humeur (irritabilité, dépression) ;
des maux de tête matinaux ;
une baisse de la libido ;
des troubles de la mémoire et de la concentration.
À long terme, le syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil augmente la mortalité et particulièrement celle de causes cardiovasculaires. Il favorise la survenue :
d'une hypertension artérielle,
d'une maladie coronarienne,
d'une insuffisance cardiaque,
de troubles du rythme cardiaque,
d'accident vasculaire cérébral.
L'apnée du sommeil est aussi souvent associée à certaines pathologies comme le diabète, l'hyperlipidémie, au reflux gastro-œsophagien, à l'angor nocturne, l'hypothyroïdie...
Comment prévenir les apnées du sommeil ?
Pour éviter le syndrome d'apnée du sommeil, il est utile de suivre ces conseils :
adopter une bonne hygiène de vie, afin de réduire le risque de développement d’une obésité, premier facteur de risque d'apnée du sommeil;
limiter la consommation d’alcool, surtout en soirée, car il s’agit d’un facteur aggravant ;
supprimer les somnifères car ils favorisent le relâchement musculaire pendant le sommeil, donc le ronflement et l’apnée ;
éviter le tabac ou effectuer un sevrage tabagique si vous êtes fumeur(se).
Plus d'exercice physique et moins d'heures devant la télévision réduisent le risque d'apnée du sommeil
L’apnée du sommeil nécessite un suivi et un traitement dont l'observance doit dans tous les cas être accompagnée de mesures hygiéno-diététiques. Celles-ci sont également indispensables pour sa prévention, comme le confirme une étude publiée dans l'European Respiratory Journal. Celle-ci souligne qu'être plus actif physiquement et passer moins d'heures par jour assis à regarder la télévision est lié à un risque nettement plus faible de développer une apnée obstructive du sommeil. Pour examiner si le fait d'être moins actif physiquement et plus sédentaire augmente le risque, les chercheurs ont analysé les données de santé de plus de 138 000 hommes et femmes qui n'avaient pas de diagnostic en début d'étude.
Les chercheurs ont pris en compte d'autres facteurs pouvant avoir une incidence sur le risque d'apnée du sommeil dans leurs analyses, notamment l'âge des participants, leur indice de masse corporelle (IMC) et le fait qu'ils fumaient ou buvaient de l'alcool. Lorsque ces derniers ont comparé le profil de risque des personnes qui faisaient des activités équivalant à deux heures par semaine de marche à un rythme moyen avec celui de personnes dont le niveau d'activité physique équivalait à au moins trois heures de course par semaine, ils ont constaté que les participants ayant le niveau d'activité physique le plus élevé avaient un risque inférieur de 54 % de développer une apnée du sommeil.
Par ailleurs, les personnes qui passaient plus de 4 heures par jour assises à regarder la télévision avaient un risque 78 % plus élevé que les personnes les moins sédentaires, tandis que les personnes qui travaillaient de manière sédentaire avaient un risque 49 % plus élevé que les personnes les moins sédentaires. Cependant, pour les personnes qui doivent passer de longues heures assises chaque jour, comme celles occupant des emplois de bureau, l'augmentation de l'activité physique pendant leur temps libre peut réduire le risque. De même, celles qui ne sont pas capables de faire beaucoup d'activité physique en raison de contraintes physiques peuvent aussi réduire leur risque en limitant les moments de sédentarité.
Les recommandations dans ce domaine comprennent le fait de se tenir debout le plus souvent possible et de privilégier des activités douces à pratiquer au quotidien (marche, yoga...). « La différence de risque d'apnée du sommeil entre le travail sédentaire et le temps passé assis à regarder la télévision pourrait s'expliquer par d'autres comportements liés à ces activités. Par exemple, on est plus susceptible de grignoter et de boire des boissons sucrées en regardant la télévision plutôt qu'en étant assis au bureau ou ailleurs, pendant un voyage par exemple. Cela pourrait entraîner une prise de poids supplémentaire, ce que nous savons être un facteur de risque confirmé. », concluent les chercheurs.
Comment diagnostiquer l'apnée du sommeil ?
Le diagnostic d’apnée du sommeil comprend un examen clinique et un bilan du sommeil.
L’examen clinique
Le médecin interroge le patient sur ses symptômes (qu’il ressent ou que ses proches ont rapporté). Il peut recommander au patient de tenir un agenda du sommeil.
Afin de confirmer le diagnostic de somnolences au cours de la journée, le médecin dispose de l’échelle d’Epworth.
Un examen ORL est nécessaire afin de déceler des obstacles des voies aériennes.
La recherche d’éventuels facteurs de risque est aussi nécessaire : troubles cardiaques, surpoids...
Le bilan du sommeil
Il est prescrit par le médecin et réalisé dans un centre du sommeil. Pour connaître le centre du sommeil le plus proche de chez vous, consultez le site de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV).
L’examen du sommeil consiste en des enregistrements du sommeil qui peuvent être réalisés selon deux techniques différentes.
La polygraphie ventilatoire nocturne : réalise pendant le sommeil un électrocardiogramme, l’enregistrement des mouvements respiratoires, du débit d'air entrant et sortant par les narines et de la saturation du sang en oxygène.
La polysomnographie réalise les mêmes enregistrements que la polygraphie et analyse en plus la qualité du sommeil à l'aide d'électrodes placées au niveau du crâne et de différentes parties du corps. Cet examen donne un aperçu de l’activité cérébrale, musculaire et aussi oculaire pendant le sommeil. La polysomnographie confirme le diagnostic d'apnées du sommeil et en évalue la sévérité .
Quelle prise en charge pour les patients ?
Le traitement de l'apnée du sommeil peut passer par la mise en place d'une meilleure hygiène de vie mais aussi par le port d'orthèses d'avancée mandibulaire ou encore par une assistance ventilatoire dans les cas les plus graves
La mise en place de mesures hygiéno-diététiques
Les différents traitements de l’apnée du sommeil dépendent avant tout de la cause du trouble.
Les symptômes peuvent être améliorés par :
une perte de poids en cas de surpoids ou d'obésité;
l'adoption d'une activité régulière (au minimum 30 minutes par jour);
l'arrêt ou la diminution de la consommation de toxiques (alcool, tabac, café) ;
l'adoption d'une meilleure hygiène de vie ;
un changement de position pendant le sommeil peut suffire à arrêter les apnées si elles ne surviennent que dans certaines positions (quand la personne dort sur le dos par exemple) ;
l'évitement des médicaments sédatifs, myorelaxants et morphiniques.
Les othèses d'avancée mandibulaire
Les propulseurs mandibulaires (ou orthèses d'avancée mandibulaire) poussent la mâchoire inférieure en avant et empêchent la langue de se replier et de bloquer la voie aérienne. Ces appareils, constitué de deux gouttières, augmentent l'espace compris entre la base de la langue et le pharynx
Ces appareils conviennent surtout pour les apnées du sommeil de moyenne gravité (indice apnées-hypopnées ou IAH compris entre 15 et 30) et en l'absence de maladie cardiovasculaire. Ils peuvent aussi être utilisés en cas d'apnée du sommeil sévère, après échec ou intolérance d'un traitement par pression positive continue.
La ventilation nocturne à pression positive continue
Lorsqu’aucune amélioration n’est constatée, la ventilation nocturne à pression positive continue (ou CPAP) est proposée. Il s’agit du port d’un masque sur le nez et la bouche pendant le sommeil. Ce masque est relié à un compresseur qui envoie de l’air dans les voies nasales et à l’intérieur des voies respiratoires afin de les maintenir ouvertes.
Ce traitement est contraignant, mais il permet d'obtenir de bons résultats en cas d'apnées du sommeil sévères ou d'apnée du sommeil modéré mais associée à des troubles cardiovasculaires.
La chirurgie pour corriger certaines anomalies anatomiques
Il est possible de corriger certaines anomalies anatomiques par la chirurgie (ablation des amygdales…).
Une chirurgie particulière peut être nécessaire chez les patients qui ne répondent pas aux autres thérapeutiques.
Source : santé magazine
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